Prenez quelques grains de folie, une bonne pincée d’inspiration, deux ou trois cuillères à soupe d’un grand n’importe quoi, mélangez avec des références et bizarreries dont vous seul avez le secret et passer le tout au mixeur jusqu’à obtenir un jus onctueux et homogène.
Récupérez la mixture, laissez reposer quelques jours puis secouez violemment pendant quelques heures. Répétez l’opération deux virgule cinq fois.
Injectez-vous le produit en intra-veineuse.
Félicitations !
Vous venez de synthétiser l’équivalent du cerveau d’Amôn : pas de centre de commandement centralisé, l’intégralité du corps pense et participe de concert à tous les projets. Et le plus étrange est sans doute que cela donne du résultat...
Auto-interview
— Bonjour, comment dois-je t'appeler ?
— Comme je veux, ce n'est pas les pseudonymes qui manquent.
— Effectivement j'ai lu ma biographie, je change souvent d'identité. Quel petit coquinou je fais ! Ce n'est pas un handicap pour se faire connaître ?
— Tant qu'on reste au niveau amateur et qu'on dessine pour le loisir, non. En plus les choses restaient claires : je côtoyais plusieurs communautés d'auteurs, chacune ne connaissait qu'un seul "moi".
— Pourtant je me suis lancé récemment dans une démarche d'élimination de mes différents "moi", pourquoi ce changement ?
— Pour pouvoir passer à la vitesse supérieure, et cette fois me faire remarquer du public et des professionnels. C'est tout récent. Et puis cela évite les erreurs. Les inscriptions sous des noms variées n'avaient pas été réfléchie, c'était de l'instantané, comme le café. Maintenant j'ai une vraie stratégie. Un objectif.
— C'est vrai que j'ai vu mon boulot. Il y a effectivement des progrès mais j'ai encore des lacunes. Je n'ai pas peur qu'il soit trop tard pour me lancer ? D'être trop vieux pour en avoir le temps ?
— Parle pour moi ! Il n'y a pas d'âge pour avoir une passion et inutile d'être un jeune enfant prodige pour que ça marche. D'ailleurs j'aurais pu l'être mais je n'ai jamais pris de cours pour renforcer mes acquis naturels ni la peine de m'entraîner suffisamment. Dommage, ces derniers mois en quelques dessins mon niveau a fait un bond, j'imagine ce que cela aurait pu être en tenant le même rythme depuis tout petit. Mais je ne regrette pas d'avoir gâché quelques années avant de m'apercevoir que j'avais un potentiel plus large qu'une simple partie de "dessinez c'est gagné".
— Tu veux dire qu'avant je ne dessinais pas ? Pourtant il me semble que mes camarades de l'époque se souviennent de moi pour ça...
— Disons que je ne m'investissais pas pleinement. J'avais le don, mais je ne l'entretenais pas, juste un dessin par-ci, par-là. Les doigts d'une main suffiraient à les compter, enfin... si on a suffisamment de doigts sur cette main.
— Quel a été le déclic ?
— Plein de petites choses accumulées. Mais le grand moment fut certainement mon inscription au collectif des Alfes Blancs. J'ai été mis directement dans le bain et très vite j'ai même pris les rennes d'un projet, pour coordonner le travail des illustrateurs. Puis vint le temps de faire mes premiers salons, notamment Paris Manga, et depuis, je n'en suis jamais vraiment sorti.
— Et c'est quoi la suite maintenant alors ? Quel est cet "objectif" dont je parlais tout à l'heure ?
— Bosser dans le milieu de livre, de près ou de loin. Je viens d'ailleurs à la surprise générale de quitter un emploi stable pour ce faire. J'ai aussi des projets plus personnels – et sans doute plus ambitieux – mais il est encore trop tôt pour en parler. Je lâche parfois des bribes d'informations mais jamais le concept en entier. il va falloir que je sois patient.
— Et pour patienter en attendant la concrétisation je me propose de faire quoi ?
— L'ouverture prochaine d'un site pourquoi pas (probablement http://youskank.free.fr). Cela me botterait bien une sorte de blog communautaire où j'inviterais régulièrement d'autres artistes à venir délirer et collaborer avec moi ponctuellement ou régulièrement selon les possibilités de chacun. Du moins j'espère que quelques-uns accepteront !
— Alors rendez-vous est pris.
— Je n'ai qu'une chose à dire pour finir : you skank !