On ne peut pas me reprocher d'y être hostile, construire l'avenir étant tout le sujet de
Téra-République, de
Les Chasseurs noirs, de mon roman en cours, et c'est la préoccupation des héros de
Kraken Krak (c'est pour ça que j'ai voulu finir l'histoire avec Bianca), mais ce que je peux lire de l'article ne me paraît pas prendre la chose par le bon bout. Décider que la dystopie n'a plus rien à dire me paraît arbitraire, et intimer l'ordre de faire autre chose ("[La SF] doit prendre le contre-pied") un peu arrogant. Seulement voilà : ils sont bien sûr allés chercher une Zanzibar, et les journalistes continuent donc de tourner autour des 3 nombrils de la bande à Damasio, dont, outre le Grand Homme, j'ai lu quelques textes, et dont je trouve que la prospective optimiste est assez sommaire (d'autant qu'elle se pense comme une véritable action politique, alors que ce ne sont que jeux d'esprit entre bourgeois).
Sur le fond, je pense aussi que proposer des dynamiques de construction peut grandement enrichir la SF, j'encourage vivement le "hopepunk" et équivalents, et je sais, Fabien, que toi aussi : on est tout à fait d'accord là-dessus. Mais je ne me permettrais pas d'être aussi péremptoire que cette journaliste, et surtout, chers amis de la presse, il va falloir apprendre
à écrire correctement à sortir du marécage Damasio-Calvo-Dufour-Lainé. Cet article me réjouit et me navre en même temps : l'idée est bonne, l'impulsion bien sentie, parler d'autre chose que de
Black Mirror bienvenu... et le traitement gâche tout.
Je tiens à préciser que, n'étant pas abonné du Monde, je ne réagis qu'au fragment d'article visible. Celui-là, en revanche, est en lecture libre intégrale, et il est navrant de bêtise de bistrot et d'autosatisfaction :
www.monde-diplomatique.fr/2020/02/ZANZIBAR/61351
Quand la phrase la plus compréhensible d'un article est un prétentieux charabia ("Je pars plutôt des mots mal compris, mal entendus, mal écrits, des potentiels qui débouchent sur des paysages inconnus. Une fois décrochés du sens, les mots se déploient en cartographie de l’invisible."), c'est que le "hopepunk" n'est plus du "hopepunk", mais du bavardage de khâgneux qui ont trop tiré sur leur joint.
Reste l'idée de départ, que pour le coup j'adopte totalement : construisons ! Construisons !