Littérature (très) savante

On avait déjà abondamment parlé ici même du 1er tome, vendu comme un chef-d'œuvre prophétique par le Bélial, soudain possédé par le Pazuzu de l'hyperbole à en rendre jaloux Les Moutons Electriques, et dont le 1er chapitre, en lecture libre, nous avait paru aussi banal que mal écrit. L'interview de l'auteur, en revanche, businessman culturiste nostalgique des années 80, nous avait beaucoup fait rire.

En parlant de critiques, Cthulhu m'est témoin que je ne suis pas un fan d'Arnaud Viviant, mais il a commenté le dernier Damasio en disant que c'était l'équipe de SOS fantômes qui chasse des pokémons. Il lui sera (un peu) pardonné pour ça.

Toute blague mise à part, le numéro du Casque et la Pointe où est évoqué Damasio est très intéressant, parce qu'il montre bien les limites d'un critique parisien qui soudain parle de SF, comme les limites d'un écrivain de SF qui avoue ne jamais lire de SF. Ce qui a impressionné ces messieurs-dames de France Inter, ce sont les "belles idées" et les "trouvailles" du livre, comme par exemple la privatisation des villes. Idée qu'une série B hollywoodienne surveillée par des producteurs hautement capitalistes comme Robocop 2 exploitait déjà, et avec plus de mordant, il y a 30 ans. Ils sont impressionnés aussi par sa dénonciation du "techno-cocon" (dans un silence presque religieux, ils chuchotent que, vous n'allez pas le croire, Damasio n'a pas de smartphone !), alors que la déconnexion et l'hyperconnexion sont des thèmes permanents de la SF contemporaine, y compris dans des machins grand public comme Black Mirror (Kaliom, Matth, Khellendros, vous qui l'avez lu depuis longtemps, vous pourrez confirmer que j'en parle moi-même pendant 800 pages et sans me lasser dans Téra-République ! )

En d'autres termes, Damasio croit dire des choses nouvelles parce que, de son propre aveu, il ne lit pas de romans, et les critiques du Casque et la Pointe croient qu'il est innovant, parce qu'ils ne lisent pas de SF non plus. La critique généraliste, qui n'y connaît rien, s'enthousiasme donc... au moment où, de ce que j'ai pu voir, l'accueil des lecteurs habituels de littérature de genre est nettement plus froid. Perso, je l'ai acheté et entamé le jour de la sortie. On ne m'y reprendra plus jamais. Le "culte" autour de la Horde n'a aucune chance de se reproduire avec les Furtifs, et je doute fortement que la sortie du prochain roman de Damasio provoque la même attente, en dépit de son don incontestable pour le marketing. Sauf s'il sombre dans les tréfonds et qu'il écrit une suite à la Horde, bien sûr !

Bref, Damasio, c'est la SF politique pour ceux qui ne lisent jamais de SF politique. Et Les Furtifs, c'est Martine va à la ZAD.

Jeb écrit: Damasio, c'est la SF politique pour ceux qui ne lisent jamais de SF politique. Et Les Furtifs, c'est Martine va à la ZAD.

Avec pour la scène d'action le délogement par la police française.
J'ai presque envie de le lire maintenant

Asavar écrit: J'ai presque envie de le lire maintenant

Seulement si on te le prête ! Il ne faut pas encourager les charlatans avec des sous durement gagnés à la sueur de notre front !

Jeb écrit:

Asavar écrit: J'ai presque envie de le lire maintenant

Seulement si on te le prête ! Il ne faut pas encourager les charlatans avec des sous durement gagnés à la sueur de notre front !

Pas besoin, en tant que libraire, je peux emprunter les livres dans ma librairie. Je charlatanise les charlatans mon bon monsieur

Ce qui a impressionné ces messieurs-dames de France Inter, ce sont les "belles idées" et les "trouvailles" du livre, comme par exemple la privatisation des villes.

Serge Lehman parle de la privatisation des nations et d'une Union Européenne qui résiste à cette privatisation dans F.A.U.S.T en 1996. Avec la création d'un service secret anti- corpo, le Square.
J'ai l'impression qu'on est dans ce genre de chose en moins bien chez Damasio.
Et que là où Lehman faisait réfléchir à travers des romans populaires bourrés d'action, Damasio fait réfléchir en faisant réfléchir et en pontifiant.

Fabien Lyraud écrit: Serge Lehman parle de la privatisation des nations et d'une Union Européenne qui résiste à cette privatisation dans F.A.U.S.T en 1996. Avec la création d'un service secret anti- corpo, le Square.

Tu m'as intrigué : je me suis commandé ce bouquin.

Il y a deux suites Les défenseurs et Tonnerre lointain.

Jeb écrit: (Kaliom, Matth, Khellendros, vous qui l'avez lu depuis longtemps, vous pourrez confirmer que j'en parle moi-même pendant 800 pages et sans me lasser dans Téra-République ! )

Je confirme ! Et ce n'était pas bourré de cArαℂtèrε₷ ₷ρϱciαuϰ pénibles à lire. °∠°

Matth Flagg écrit:

Jeb écrit: (Kaliom, Matth, Khellendros, vous qui l'avez lu depuis longtemps, vous pourrez confirmer que j'en parle moi-même pendant 800 pages et sans me lasser dans Téra-République ! )

Je confirme ! Et ce n'était pas bourré de cArαℂtèrε₷ ₷ρϱciαuϰ pénibles à lire. °∠°

Merci !

Ça a dû te prendre des plombes d'écrire "caractères spéciaux" !