"Faon" de Jean Bury

aussi bien bourreau que victime à l'histoire tragique

sa manière d'agir à son réveil vis à vis de la manière dont on le voit juste avant d'être cryogénisé

révélations de fin de tome.

La relation qu'il entretien avec sa soeur est aussi puissante que touchante, chacun des deux tentant de protéger l'autre à sa manière. Axe allant jusqu'à se sacrifier pour permettre à sa soeur de se retrouver.
Quand on apprend à la fin quels sont les pouvoirs de chacun et les différences entre eux, il y a là aussi une surprise bienvenue. D'habitude on met souvent une image masculine derrière celle du Guerrier et féminine pour celle du guérisseur. Le fait que les deux soit inversé ici est plus que bienvenue

celui de l'adolescence

En effet, comment ne pas voir dans cette histoire celle de l'adolescence et du passage à l'age adulte. Plusieurs points du récit m'y ont fait penser.
La mutation et son évolution chez Axe et Faon. C'est, je dirais, le point le plus visible. Nombre d'autres œuvres ayant comme héros des ado/jeunes adultes ont utilisés le thème de la mutation pour parler des changements qui s’opèrent lors de cette transition. Les tests subis par les deux ados sont douloureux mais beaucoup plus chez Faon que chez son frère en est l'exemple parfait.
Il y a aussi le coté rebelle de Faon qui, comme beaucoup d'adolescents, voit le monde adulte - ici représenté par les scientifiques - qui ne comprennent rien à rien de ce que vivent les jeunes enfants.
Le coté protectrice et Guerrière des pouvoirs de Faon m'ont rappelé un peu comment une aîné peut se sentir responsable de son cadet. Elle met toute la lumière sur elle pour permettre à son frère de garder l'innocence de l'enfance vis à vis du monde froid des adultes, représenté ici par les couloirs et les pièces aseptisées du centre de recherche. Quitte à se perdre elle même.
Ce qui m'amène à un autre point intéressant. La critique de la société moderne et le poids qu'elle met sur les épaules des enfants au moment de l'adolescence. En effet, j'ai vu un effet miroir entre l'évolution ultra rapide de Faon, obligé de grandir trop vite pour collé à l'image qu'attendent de voir les scientifiques et celle de notre société ou réseaux sociaux et pub hyper sexualisés donnent une image fausse aux ados de ce qu'ils doivent être au point qu'ils se perdent. Comme Faon dans le texte.

Ce qui m'amène à un point un peu plus noir. En effet, une fois à tête reposé et ayant fait tout ce cheminement en comparant le texte à l'adolescence, j'ai vu le passage de la machine dans laquelle est enfermé Faon comme un point très grave.
Je m'explique. Pour que Axe garde son innocence, Faon montre le coté Guerrière pour qu'on laisse son petit frère tranquille. Ici on peut faire le parallèle comme je l'ai dit avec notre société ou Faon se montre plus femme qu'elle ne l'est.
De ce fait, les tests de plus en plus douloureux pourrait représenter un harcèlement constant jusqu'au moment fatidique ou, le placement de force dans la machine pourrait représenter le viol de Faon, adolescente hyper sexualisé par la société ici représentés par le rythme d'augmentation de pouvoir qu'ont imposés les scientifiques à cette adolescente.
C'est peut être un peu tiré par les cheveux mais la folie de Faon, désirant voir le monde détruit après cet acte et la phrase de Lucas à la fin (Ils savent qu'ils sont coupables mais ne peuvent le reconnaître publiquement) viens à mon sens étayer cette théorie.
Si l'on continue dans ce sens, l'amour familial, représenté par Axe qui se frotte au monde adulte en s'infligeant lui même la douleur de ses visions, permettrait alors de réveiller l’empathie de Faon qui réussira à se reconstruire en voyant qu'elle n'est pas seule dans ce cas.

Je n'étais pas allé aussi loin que ton analyse concernant Faon, mais à l'évidence le thème de l'agression mentale, morale et physique des jeunes et, plus généralement, de ceux sur qui pèsent le pouvoir et la puissance, faisait partie de ce qui est dénoncé dans l'intrigue. Il en va de même, comme tu l'as vu, de ce que l'on impose aux adolescents alors que c'est contraire à l'éducation qu'on leur doit : mon roman "Les Chasseurs noirs" aussi, entre autres, parle d'adolescents qui s'efforcent (voir parviennent) à s'adapter à un monde qui n'est pourtant pas du tout fait pour eux, et qui est même conçu contre eux.

plus loin que l'intention de base