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C’est aussi la rentrée dans l’imaginaire, avec par exemple Bonheur™, de Jean Baret, chez le Bélial, qui en publie
un extrait
en ligne.
Question à lire, si le cœur vous en dit, après l’extrait :
Attention : Spoiler !
C’est juste moi, ou c’est nul à chier ? Sérieusement, j’ai l’impression que l’auteur a établi une liste de tout ce qu’il ne faut pas faire quand on écrit, puis a coché toutes les cases.
Titre avec trademark, avant-propos prétentieux pour nous faire comprendre qu'on ne va pas lire un roman, mais de la philosophie, promesse qu'on "n'en sortira pas indemne", présent de l'indicatif bien sûr, critique du bonheur en pilule comme dans les vieilles séries de l'ORTF, mention décomplexée du sexe parce que c'est tellement audacieux en 2018, appui lourd sur les noms de marque parce que la société de consommation, ça ne vaut pas la peine qu'on l'attaque subtilement, grosse faute dès la deuxième page, allusion à une sorte de police de la pensée (on sent que ce roman sera aussi important que 1984), encadrement strict des devoirs du citoyen à base de mentions légales qui surgissent de n'importe où sans rime ni raison, décor qui semble être américain parce que tout ce qui compte, ça se passe aux États-Unis (avec tous les petits détails de série télé, comme appeler les blancs des "caucasiens" et parler de "teenagers" - en cherchant bien, il doit y avoir des "kids" quelque part...), cynisme facile sur les décomptes de morts des conflits régionaux, liste totalement attendue des pages 17-18, les clones qui servent de chair à canon comme dans tous les livres avec des clones, le récit maladroitement interrompu pour pouvoir caser les publicités et les mentions "à message", bien pire : les débats d'experts pour présenter les idées (convenues) qui seront débattues dans le livre (il manque plus que les extraits de dictionnaire pour expliquer ce qui s'est passé en 2038 pendant le conflit frontalier entre la Corse et Okinawa), le tout dans dans un vague emballage de roman noir américain dont l'auteur ne maîtrise ni le rythme ni le style. C'est mal écrit, c'est mal structuré, sans une once d'humour ou d'ironie alors que c'est censé être hilarant (l'interview de l'auteur, avec son ode aux années 80 et au culturisme, est nettement plus amusante), et c'est accompagné d'une notice biographique aussi lourdingue qu'hystériquement dithyrambique que je trouve embarrassante pour le Bélial : on se croirait aux Moutons électriques. Une avalanche de clichés vus mille fois, très en retard sur l'état de l'art en matière de critique sociale, et à moins que ça ne s'améliore radicalement après l'extrait proposé, sans aucun point de vue nouveau ou pertinent sur ce qu'il dénonce - et Dieu sait pourtant qu'il y a de quoi dire.
Et la couverture est hideuse.
Ce n'est pas le patron du Bélial qui affirmait il y a quelques mois : "la SFFF française est mauvaise, seule l'américaine est bonne ?" Si c'est ça leur conception de la bonne SFFF, je commence à mieux comprendre cette phrase que j'avais trouvée à l'époque totalement dénuée de sens...
Donc oui, j'aurais tendance à être d'accord avec toi.
"Tout ça pour dire que, pris sous un certain angle et pour certains observateurs, notre société est formidable. Mais je sentais cependant qu’un vice intrinsèque à notre société la condamnait à une forme de pourriture." Encore un effort, mon gars, et ta conscience morale va atteindre la puberté...
Il faut lire cet entretien, il est instructif : pour quiconque connaît un peu la profondeur radicale de la critique du monde contemporain par la littérature* ou surtout par la pensée politique alternative, ce que dit l'auteur est d'une telle insuffisance, reste tellement à la surface, qu'on a l'impression de quitter un cours de Pierre Boulez sur la polyrythmie au Collège de France pour aller jouer Frère Jacques sur une flûte en plastique avec les sixièmes...
* la littérature de genre, bien sûr, la blanche est top occupée à observer les nombrils pour avoir le temps de parler du monde et, quand elle le fait, c'est avec l'audace et la virulence d'un article de Libé...
Il a publié dans le numéro consacré aux super pouvoirs.
Jean Baret est un prophète, une voix sans pareille dans le concert de l’anticipation sociale et culturelle.
Sauf qu'aujourd'hui l'anticipation sociale c'est décrire les alternatives et non plus dénoncer les travers de la société d'aujourd'hui. En tout cas chez les anglo-saxons. Toujours en retard d'une guerre chez le Bélial. Ah oui, ils se croient encore dans les années 90. Dans Bifrost ils viennent juste de découvrir Eric Brown, un auteur que l'on devrait avoir depuis longtemps en français.
Qu'ils laissent un peu plus de pouvoir à Pierre Paul Durastanti et un peu moins à Gilles Dumay, ce serait déjà bien.
Marrant, j'ai pourtant lu tous les M&L, mais je n'ai aucun souvenir d'un numéro sur les super-pouvoirs. Cela dit, j'ai une mémoire de président du Medef, donc ça ne prouve rien...
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