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J’ai eu le même genre de problèmes par le passé avec des décideurs qui croyaient savoir comment marche le développement de logiciels. Et bien sûr, une fois qu’on arrive à se dépatouiller de leurs demandes totalement à côté de la plaque, ce sont eux qui sont encensés pour avoir résolu le problème. Heureusement, j’ai changé d’emploi depuis.
L’une des clés — je ne sais pas si c’est applicable pour toi — est de tout tracer et tout faire valider par le client. Dans le cas que tu cites, indiquer dans le contrat quel est le glossaire de référence, faire signer le client, et tout changement sera payant (et cher). Ça place le client devant ses responsabilités, et au pire, on est payé. Mais comme je le disais, je ne sais pas si ce genre de pratique est possible dans ton cas.
Un long article détaillé sur de la production de best-sellers industrielle, sous la coupe d'un auteur qui a commencé par faire scandale en racontant comme son histoire personnelle une désintoxication éprouvante qui s'est avérée être un pur bobard, avant de fonder une usine à exploiter des étudiants pour produire, contrat absurde à la clé, des navets sur cahier des charges (Numéro Quatre, pour ceux qui ont vu la daube). Ça revigore. On ne sera jamais numéro un des ventes, nous autres, mais personne ne nous escroque, ne nous oblige à signer de notre nom des choses qu'on ne toucherait pas avec le bout d'une canne ou ne nous interdit d'écrire quand on a soudain envie d'échapper au formatage du creative writing (dont Stephen King brosse dans It un portrait peu flatteur...)
C'est le problème de ce qui est devenu une industrie et une machine à fric. Formater, refaire les mêmes choses, les mêmes histoires, les mêmes héros, voire les faire revivre et renaitre inlassablement, c'est plus facile et plus rentable que de faire du nouveau
Cela me désole un peu, quand je vois les moyens mis en place sur de vieilles franchises et que c'est si difficile de faire entendre des voix nouvelles.
Et dans ce cas spécifique, les livres sont totalement fabriqués pour être des produits industriels.
C'est moins grave dans le cas des ouvrages SFFF à petite diffusion, dont je ne doute pas de la sincérité et des velléités d'indépendance, mais la tendance est quand même un peu là. Je sais que beaucoup de jeunes auteurs compulsent les manuels de dramaturgie, lisent les blogs d'auteurs, écoutent les podcasts d'écriture. Personnellement, ça me désole. Phillip K. Dick disait avoir appris son métier, non pas en lisant de la SF, mais Stendhal et Flaubert. Dans les podcasts de l'imaginaire, on entend dire qu'il y a trop de descriptions chez Balzac (alors que Le Colonel Chabert, par exemple, est le manuel de l'ellipse, et qu'il n'y en a pas du tout dans La Maison Nucingen), preuve que désormais on écrit de la SFFF sans lire Stendhal ni Flaubert (et qu'on a des opinions sur Balzac sans avoir lu autre chose que le Goriot obligatoire de troisième). Ça explique le niveau bien faiblard du GPI...
Goriot que j’ai relu il ya deux mois. On le comprend très différemment à 45 balais passés !!
Ce qui me désole le plus dans ton article, ce sont les commentaires des internautes qui se disent prêts à accepter ce type de contrat sans condition, ou suggèrent que l’auteur de l’article cherche à se venger.
Ce qui me console (l'article a une dizaine d'années), c'est que la boîte ne semble pas avoir eu le succès escompté. Number 4, qui est un navet, n'a pas eu de suite cinématographique faute de succès pour le 1er, et le catalogue ne comprend pas d'autres titres "connus". Du reste, loin de devenir le Hearst du bouquin pour ado bas de gamme, Frey vient de vendre sa boîte à Webedia, c'est dire...
Et bien sûr, tu as raison sur Goriot. Je ne reprocherai jamais à un gamin de treize ans de s'ennuyer en le lisant. Ne pas revenir à Balzac quand on en a vingt ou plus, surtout quand on est homme ou femme de lettres, me paraît témoigner d'une assez faible exigence envers soi-même et son art. Quant à avoir une opinion dans ces conditions, ce n'est pas défendable.