Je n'ai absolument pas le temps, en ce moment, de vous tenir au courant autant que je le voudrais de la supériorité de la Littérature et de l'Art, mais ce qu'il y a de bien avec les grandes maisons d'édition, c'est qu'il suffit de 5 minutes pour copier-coller un paragraphe des premiers chapitres des nouveautés qu'elles proposent, et pour continuer son voyage dans le rien (mais, parfois, un rien qui se croit intelligent). Ce mois-ci...
Grasset
Simon Liberati,
Occident
Pierre et moi nous avions en commun d’habiter la campagne. La sienne se trouvait à Paris, près du boulevard de Montmorency. Je n’avais qu’à prendre le métro pour lui rendre visite, souvent le mercredi après-midi avant de rentrer dans la mienne, dans le Nord-Est à Mortefontaine. J’aime le seizième arrondissement, surtout le quartier d’Auteuil où j’ai vécu autrefois chez une femme.
Philippe Joanny,
Comment tout a commencé
Ils habitent le douzième arrondissement de Paris, à deux pas de la gare de Lyon, rue d’Austerlitz. L’hôtel de Bourgogne se trouve au numéro 7. Il est entouré d’autres hôtels. Comme on est à cinq minutes de la gare de Lyon et pas très loin de celle d’Austerlitz, dans la rue il n’y a quasiment que ça, des hôtels. Des établissements qui ne paient pas de mine, la plupart n’ont pas d’étoile mais ça ne les empêche pas d’afficher complet.
Le Seuil
Stéphane Malandrin,
Le Mangeur de livres
Je sais que le temps est à la pensée ce que l’air est à l’oiseau, qu’entre deux battements d’ailes l’oiseau s’appuie sur l’air pour avancer, qu’entre deux pensées l’homme s’appuie sur le temps pour ne pas tomber ; je sais que l’air c’est le ciel, que le temps c’est l’Histoire ; je sais que dans le ciel l’atmosphère n’est pas homogène : quand deux points situés côte à côte subissent une pression différente, il y a du vent ; je sais que ce n’est plus seulement l’oiseau qui se déplace, c’est l’air lui-même qui emporte l’oiseau, tourne autour et le déstabilise ; je sais que dans le temps c’est la même chose : lorsque deux journées situées côte à côte subissent une pression trop forte, ce n’est plus la pensée de l’homme qui avance dans le temps, c’est le temps qui avance, emporte l’homme et le déstabilise.
POL
Bertrand Belin,
Grands carnivores
Il a des responsabilités. Il est le récemment promu. Il devra garantir la bonne marche des entreprises cependant que son frère empilera des croûtes. Lui seul prendra sa part des efforts qu’un citoyen reconnaissant doit à l’Empire. Ce n’est encore que le début mais sa réputation va grandissant. On le reconnaît à l’opéra, par exemple. À l’opéra, ce soir, tu as vu ? j’ai vu. L’opéra où il admet qu’il est indispensable de se rendre quelques fois dans l’année, à l’occasion des premières, bien qu’il ne soit pas allé jusqu’à se rendre compte que les décibels et les gesticulations qu’il doit y supporter entretiennent un quelconque rapport avec le monde des arts qu’il a quoi qu’il en soit à cœur de cordialement mépriser.
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Ce qui est navrant, cela dit et à la vitesse où vont les choses, c'est qu'on pourra bientôt jouer au même jeu avec la littérature de genre. Ce que notre niche met systématiquement en avant, d'un festival à une conférence, d'une émission "Mauvais Genres" à une campagne publicitaire, me paraît de plus en plus faible et de moins en moins imaginatif.