Interview de Macha Tanguy
A l'occasion de la sortie d'Une nephilim en exil, tome 2 des Chroniques de la Trêve, Mots & Légendes vous propose une interview de Macha Tanguy, c'est l'occasion d'en apprendre davantage sur l'autrice, mais aussi de faire un petit bilan sur l'écriture et la suite des Chroniques de la Trêve.
L’autrice
Bonjour Macha, avant de vraiment parler de l’univers des Chroniques de la Trêve, je te propose qu’on parle un peu de toi et ton lien avec l’écriture. Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, Ludovic ! Je suis née en 1985 en région parisienne, mais j’ai surtout vécu à Rouen, dans le Tarn et aussi en Bretagne. Toulousaine depuis quelques années, je suis aussi maman d’un petit garçon de trois ans et demi.
Plusieurs de mes nouvelles ont été publiées par tes soins aux éditions Mots & Légendes, ainsi que les deux tomes qui composent les Chroniques de la Trêve (Un démon vagabond et Une nephilim en exil).
Est-ce que tu pourrais nous raconter comment t’est venu le goût de l’écriture ?
Comme un prolongement de la lecture, je dirais. Après avoir passé mon enfance à bouquiner, j’ai commencé à écrire une fois adolescente en me disant que c’était bien dommage que certains livres aient une fin. Bon, bien vite, je suis passée à mes propres univers même si mes premières tentatives enthousiastes resteront à jamais enfermées dans des tiroirs.
À présent, quelle est l’importance de l’écriture dans ta vie ?
Ça dépend des périodes. En ce moment, c’est une passion à laquelle je pourrais consacrer un peu plus de temps… Disons que l’équilibre entre l’écriture et le reste de ma vie est parfois délicat à trouver.
Un peu plus techniquement, comment abordes-tu l’écriture d’un texte ?
Là encore, ça dépend des textes eux-mêmes. Pour les Chroniques de la Trêve, j’avais pris énormément de notes à l’avance, surtout pour ce qui concernait les personnages. L’étape des recherches et autres prises de notes est encore plus importante quand je m’aventure du côté de la fantasy historique (études en Histoire obligent, je n’aime pas l’idée de raconter des bêtises même si c’est très chronophage).
A contrario, dans le roman que je viens de terminer, je n’ai quasiment pas pris de notes au préalable. Résultat des courses, ce qui devait être une courte novella d’une trentaine de pages s’est terminé en roman trois fois plus long.
Ensuite, une fois que je me lance, j’écris plutôt au fil de l’eau. Mes plans (quand il y en a) sont assez sommaires. Ils sont plutôt à l’échelle d’une partie ou d’un chapitre de livre. Sinon, j’aime assez l’idée de voir où mes personnages vont m’emmener.
Qu’est-ce que tu aimerais que l’on retienne de tes histoires ?
Je souhaite surtout faire passer un moment agréable à mes lecteurs ou lectrices et les faire s’évader le temps de la lecture. Si je réussis ça, alors je suis la plus heureuse des autrices.
As-tu des rituels ? Un endroit favori pour écrire ?
Mon rituel principal concerne ma manière d’écrire et pas forcément l’endroit où le faire. La première version de mes textes est toujours manuscrite. Il y a plusieurs raisons à ça. Tout d’abord, je suis une grande romantique et j’aime l’idée d’avoir de vrais manuscrits qui survivront à un crash de disque dur. Ça me permet aussi plus d’autonomie que si j’écrivais sur ordinateur. Par exemple, dernièrement, j’ai beaucoup écrit dans le bus (à condition d’avoir une place assise…). Enfin, un autre avantage pratique est que le passage du papier à l’écran va me permettre une véritable relecture/mise en forme.
Après, si un bol de thé n’est pas loin, c’est encore mieux !
Quels sont tes auteurs favoris ? Est-ce qu’ils influencent tes propres textes ?
Même si ça doit faire une quinzaine d’années que je n’ai pas lu un de ses livres, je ne peux pas ne pas commencer par Tolkien. Le jour où j’ai ouvert le Seigneur des Anneaux, j’ai découvert une histoire merveilleuse, mais aussi un genre littéraire qui était fait pour moi. Ça doit être pour ça que je mets presque toujours des elfes dans mes histoires.
Sinon, en auteurs contemporains anglophones, je dirais Neil Gaiman et surtout Guy Gavriel Kay dont la plupart des romans m’ont beaucoup touchée. Il y a un vrai humanisme qui se dégage de ses œuvres. Pour les auteurs français, je dirais surtout Jean-Philippe Jaworski qui a une écriture que je trouve magnifique.
Enfin, en dehors des littératures de l’imaginaire, je voue une admiration sans bornes à Jane Austen.
Est-ce que tu as d’autres passions ?
Alors plutôt en hobbies, il y a la couture de machins en feutrine, manger du fromage et boire du thé.
Si l’on exclut ce qui concerne les Chroniques de la Trêve, est-ce que tu travailles sur de nouveaux projets ? Si oui, peux-tu nous en dire davantage ?
Je viens de terminer un roman de fantasy qui s’inspire plus ou moins du XVIe siècle français. J’ai terminé les premières corrections. J’attends les retours des personnes qui ont bien voulu lire cette première version (et j’en profite pour les remercier une nouvelle fois !).
C’est ce fameux projet qui était censé être une romance d’une trentaine de pages et qui, finalement, est tout autre chose (oui, il y a encore des elfes). Ça raconte l’histoire d’une magicienne d’origine elfique, fille d’un bourreau, qui a passé une décennie au service d’un grand seigneur et de ses guerres. Confrontée à plusieurs événements, elle va devoir remettre en question ses allégeances et la manière dont elle a vécu jusque là.
Comment s'est passée l'écriture de ce second roman ? Est-ce que ton expérience acquise avec les Chroniques de la Trêve t'a aidée ?
L’expérience acquise pendant les corrections m’a bien aidée. J’ai passé tellement de temps à traquer avec toi certains de mes tics de langage que je me suis efforcée de faire un peu plus attention cette fois-ci ! Le contexte était cependant très différent. Si l’écriture des Chroniques de la Trêve a été relativement aisée, écrire tout en ayant un enfant en bas âge s’est avéré un peu plus sportif ! Je suis d’autant plus contente d’avoir réussi à terminer ce roman.
Les Chroniques de la Trêve
Maintenant qu’on a parlé un peu de façon généraliste, je te propose qu’on discute plus particulièrement des Chroniques de la Trêve, peux-tu nous raconter le processus de création de cet univers ?
Le maître-mot lors de l’écriture des Chroniques de la Trêve a été de me faire plaisir. C’est pour ça qu’on trouve des mondes inspirés de différentes mythologies, des histoires d’amour et pas mal de bagarres. En gros, j’ai pris tout ce qui me passionnait depuis mon enfance, j’ai bien secoué et, ensuite, j’ai tenté d’ordonner de manière plus ou moins cohérente le résultat.
Plus sérieusement, les Chroniques de la Trêve ont vu le jour grâce à la jonction de plusieurs événements :
– un appel à textes sur Babylone auquel je n’ai pas participé finalement, mais pour lequel j’ai fait beaucoup de recherches (ce qui a donné les démons et leur monde qui est plutôt d’inspiration mésopotamienne),
– mon travail de l’époque qui consistait, entre autres choses, à travailler sur des enluminures médiévales,
– un rêve que j’ai fait ensuite où un démon et une magicienne s’épaulaient en combat (si vous voyez une ressemblance avec un certain Thane et une certaine Sophia, c’est tout à fait normal).
Suite à ça, j’ai passé un petit moment à construire un univers qui pouvait tout intégrer et c’était parti.
Combien de temps a pris l’écriture des deux tomes ?
J’ai commencé début 2013 et j’ai terminé fin 2015 (hormis l’épilogue qui a été écrit quelques mois plus tard).
Quelle partie de l’histoire a été la plus difficile à écrire ?
Il n’y en a pas vraiment qui se détache. C’est vraiment une histoire que j’ai aimé écrire du début à la fin. Le faire m’a d’ailleurs beaucoup aidé dans des moments très difficiles.
Est-ce que tu as un personnage préféré, et si oui, pourquoi ?
Sans hésiter, je réponds Thane. Il a un côté que je trouve très attachant chez lui, tout à la fois rebelle et surtout profondément gentil.
Au contraire, est-ce qu’il y a un personnage que finalement tu ne supportes plus ?
Pas vraiment, car ils ont tous leur rôle à jouer, mais disons que si je pouvais dire deux ou trois choses à ce cher Aeth, ça ne lui ferait pas de mal (en même temps, j’avoue ne pas avoir été une autrice très attentionnée avec lui).
Est-ce qu’il y a des personnages que tu aurais aimé développer davantage, mais qui n’en ont pas eu l’opportunité à cause des contraintes d’écriture ?
Jérôme est celui qui me vient en premier à l’esprit. Baal, Lampedo et Uriel auraient aussi pu avoir des développements supplémentaires.
Tu peux nous raconter rapidement ce que tu aurais aimé développer avec ces personnages ?
Ça va être compliqué de répondre à cette question sans rien divulgâcher !
Jérôme est un personnage qui m’intéresse à plusieurs titres. Certes, il y a sa relation avec Thane, mais c’est surtout le fait qu’il est « coincé » entre deux mondes : celui des humains qui ignorent l’existence d’autres mondes et celui des créatures magiques.
Baal apparaît peu dans les Chroniques, mais c’est un personnage qui a énormément d’importance pour l’ensemble des protagonistes.
Lampedo a une personnalité beaucoup plus complexe que celle de Marpesia et j’aurais aimé m’attarder un peu sur ce personnage.
Quant à Uriel, je ne peux vraiment pas en dire davantage…
Avec Une nephilim en exil, le tome 2 des Chroniques de la Trêve, l’on peut voir ce qui ressemble à la fin des aventures de Sophia et Thane, as-tu d’autres projets avec ces personnages ?
Pour le moment, non. J’aurais éventuellement une idée de préquelle sous la forme d’une nouvelle consacrée à Thane, mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour.
Un peu dans la continuité de la question précédente, est-ce que tu as en tête un tome 3 ? Si oui, peux-tu nous en dire quelques mots ?
Là aussi, ce n’est pas encore d’actualité. Il y aurait assez de matière pour le faire, l’épilogue est d’ailleurs là pour donner quelques pistes (notamment le dernier paragraphe du tome 2).
Pour le moment, ma priorité pour ce qui concerne l’écriture est de finir de retravailler le roman de fantasy que je viens de terminer. Ensuite, je ferai certainement une petite pause.
Comment vois-tu l’évolution des Chroniques de la Trêve ?
Il n’y a pas forcément d’évolution prévue dans l’immédiat, mais je continue à y réfléchir. Ce n’est pas un univers que j’abandonnerai.
D’ailleurs, si quelqu’un est tenté pour en faire une adaptation en jeu de rôles, faites-nous signe à Ludovic et moi !
Pour conclure, cette interview, que voudrais-tu dire à nos lecteurs ?
Merci d’avoir lu cette interview, et merci d’avoir lu un ou plusieurs de mes textes. J’espère que ces derniers vous auront plu ou vous plairont !
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